Ces dernières années, la religion s’est radicalisée et les chefs religieux parfois autoproclamés prêche une rhétorique plus extrême et plus clivante. Dans le même temps, et à bas bruit, l’État français se radicalise également dans son approche des libertés publiques, érodant les libertés et les droits clés au nom de la sécurité. Cette radicalisation croissante des deux côtés alimente les tensions et les conflits, et menace la cohésion sociale de la France. C’est à la radicalisation de l’Etat, et aux conséquences de ce durcissement que s’intéresse Claude Serfati dans son ouvrage.
La radicalisation de la religion est la plus évidente dans la montée de l’extrémisme islamique. En particulier, la croissance d’ISIS a conduit à une poussée du radicalisme islamique à travers l’Europe. Cela s’est traduit par un certain nombre d’attaques terroristes en France, comme la fusillade de Charlie Hebdo en 2015 et l’attentat de Nice en 2016. Le site de ces attaques a servi à radicaliser davantage l’État français, qui a répondu en augmentant la surveillance et en réprimant les libertés civiles.
À mesure que le monde se mondialise, le risque de conflit armé entre pays augmente. Nous l’avons vu ces dernières années avec les guerres en Irak et en Afghanistan, et nous le voyons à nouveau avec l’invasion russe de l’Ukraine. C’est une préoccupation directe pour l’Europe, qui avait été épargnée par de tels conflits depuis la guerre en ex-Yougoslavie à la fin des années 1990. La France n’est pas passive dans cette évolution. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, elle a mené plus de 115 interventions militaires depuis la disparition de l’URSS. Cela montre que la France est prête à prendre position contre les agressions et à défendre ses intérêts dans un monde en mutation.
Le budget militaire de la France a augmenté de 50 % pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron, et elle a fait des ventes d’armes le vecteur de sa politique diplomatique, sans se soucier de leur utilisation par des régimes autoritaires. Pourtant, le livre montre les limites de ce positionnement international, comme si la France boxait désormais » au-dessus de son poids » : la claque du contrat de sous-marins avec l’Australie, l’annonce de la mort cérébrale de l’OTAN alors qu’elle est plus mobilisée que jamais, l’impasse de la guerre au Mali, qui confirme le déclin des positions économiques et géopolitiques de la France dans son » pré carré. » En d’autres termes, la France tente de projeter une image de force sur la scène mondiale, mais ses actions sont souvent contre-productives, voire autodestructrices. Cela suggère que la France a du mal à accepter la diminution de sa stature dans le monde. Plutôt que d’accepter la réduction de son influence, elle semble déterminée à se surpasser, avec des résultats parfois désastreux.
Le budget militaire de la France a augmenté de 50 % pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron, et elle a fait des ventes d’armes le vecteur de sa politique diplomatique, sans se soucier de leur utilisation par des régimes autoritaires. Pourtant, le livre montre les limites de ce positionnement international, comme si la France boxait désormais » au-dessus de son poids » : la claque du contrat de sous-marins avec l’Australie, l’annonce de la mort cérébrale de l’OTAN alors qu’elle est plus mobilisée que jamais, l’impasse de la guerre au Mali, qui confirme le déclin des positions économiques et géopolitiques de la France dans son » pré carré. » En d’autres termes, la France tente de projeter une image de force sur la scène mondiale, mais ses actions sont souvent contre-productives, voire autodestructrices. Cela suggère que la France a du mal à accepter la diminution de sa stature dans le monde. Plutôt que d’accepter la réduction de son influence, elle semble déterminée à se surpasser, avec des résultats parfois désastreux.
Selon la tradition bonapartiste, le président est le seul à pouvoir prendre des décisions concernant l’armée. Macron a rendu la situation encore plus difficile en déclarant que seul le Président peut prendre des décisions, de sorte que personne d’autre ne peut avoir son mot à dire. Cela a conduit certains officiers à se mobiliser publiquement pour essayer de faire en sorte que l’armée aide à lutter contre l’insécurité dans les banlieues. Cependant, rien n’a encore été fait à ce sujet et on ignore si quelque chose sera fait à l’avenir.
Les dangers que cette évolution fait peser sur la démocratie sont inquiétants. Le dernier chapitre se concentre sur la façon dont l’état d’urgence a radicalisé les stratégies sécuritaires françaises. Depuis 2015, l’état d’urgence est quasi permanent, et au nom de la lutte contre le terrorisme, 4 lois ont été promulguées rien que l’année dernière. En restreignant les libertés publiques et en renforçant les pouvoirs de la police, la France est désormais le maillon faible des démocraties occidentales. Cet ouvrage nourrit la réflexion.